Caudrot, l’histoire d’un village…


Les origines de Caudrot remontent au Vesiècle quand, aux alentours de l’an 450, les invasions barbares, et plus précisément les Huns, obligent une partie des populations du centre de la Gaule à migrer au sud. C’est donc une caravane d’une vingtaine de personnes qui plante ses tentes sur les bords de la Garonne, à proximité de l’embouchure du Dropt. Au fil des décennies qui suivent, les quelques modestes habitations de torchis sont remplacées par des maisons plus robustes. La communauté croit avec l’arrivée de Gascons de la Biscaye et des Pyrénées, pour attendre plusieurs centaines d’habitants. La petite bourgade prend alors le nom de Codo Droti (La Queue du Dropt).

Les siècles suivants voient Caudrot continuer de s’étendre jusqu’au bas des collines, où l’activité de quelques moulins vient animer la quiétude des coteaux. La légende veut même que Charlemagne, le plus célèbre des Carolingiens, séjournât à Caudrot à son retour d’Espagne. Il y aurait fait bâtir une basilique, fonder une école, et l’un de ses fils y serait mort. Même si de récentes recherches ont quelque peu remises en question la véracité historique de ses faits, la légende perdure dans les rues de notre commune.

Sous la menace des Normands qui parcourent la gaule dès le milieu du IXe siècle, les habitants de Codo Droti fortifient la ville dès 862. Ils y creusent un fossé et bâtissent une muraille de 8 mètres de haut percée de deux portes principales, dont les vestiges apparaissent aux yeux des curieux qui en feront la recherche, notamment dans le quartier du Terré. Malgré ces fortifications et la défense héroïque du duc Malle, qui y laissera la vie, la ville est prise et brulée. Codo Drotiest saccagée. Mais c’était sans compter sur l’abnégation des habitants qui dès la fin du siècle recommenceront à construire les bâtiments détruits.

Du XIeau XVIIesiècle, Calsdrotum prospère, notamment grâce à l’activité de péage portuaire que lui permet sa situation géographique. La taxation de l’économie fluviale entre Langon et La Réole est lucrative pour la ville, les prieurés et les seigneurs qui se partagent les franchises jalonnant le fleuve et les gabarres qui l’empruntent. La Garonne permet alors le portage important des pondéreux chargés en tonneaux et donc faciles à taxer. Les denrées transportées sont variées et nombreuses : vin, sel, blé, bétail, huile, épices, poissons, matières premières (cuir, fer, plomb, cuivre …) et produits manufacturés (draps, meules, armes …).

Après la disparition des péages au milieu du XVIIIesiècle et la traversée des guerres de religions, Caudrot se développe fortement au siècle suivant, atteignant une population plus importante que celle d’aujourd’hui. Les Bourgeois achètent les douves et font construire les maisons qui forment aujourd’hui la façade Sud de l’actuelle Place des Tilleuls. Le maître serrurier de la Réole, Blaise Charlut, laissera lui plusieurs marques de son passage dans diverses maisons bourgeoises. La ville poursuit son développement et l’Eglise Saint Christophe bénéficie quant à elle du talent des peintres Bonnet et Vincent qui peignent en son chœur des architectures en trompe-l’œil aujourd’hui classées.

Le progrès accompagne le développement de la commune : distribution du courrier à partir de 1877, installation du télégraphe en 1881 et d’une cabine téléphonique en 1904.

Dans le marasme de la première moitié du XXe siècle, les deux guerres mondiales entrainent la réduction de moitié de la population de Caudrot (700 habitants en 1948), emmenant dans leur funeste sillage Pierre Gemin, résistant Caudrotais qui paiera du plus lourd des sacrifices le combat qu’il menait contre l’occupant.

Dans l’après-guerre, Caudrot parviendra progressivement à se reconstruire. La viticulture imposera son monopole sur la polyculture qui jusque là habillait les paysages autour. Territoire à forte identité, forgée par les épreuves et le caractère de ses habitants qui à chaque fois ont su relever les défis de l’Histoire, la commune poursuit encore aujourd’hui sa reconquête de la place qui a longtemps été la sienne sur les rives de la Garonne.


L’écusson


Écu Moderne

De gueules au chevron d’argent accompagné trois étoiles d’or bien ordonnées : deux en chef une en pointe ; à la divise d’argent et au chef à trois abeilles aux ailes étendues d’or.


Focus sur l’Église Saint-Christophe

De style roman

La première source sérieuse sur Saint-Christophe reste le compte-rendu de la visite de Léo Drouyn du 25 mars 1856. L’église avait déjà subi des campagnes de restauration au début du XIXème siècle, mais « jamais dans le style primitif qui est roman… Le nord et le sud sont en partie cachés par des maisons en brique qui paraissent être de la fin du XVesiècle… ».

Et de conclure : « Je persiste dans mon opinion et je dis que rien n’est antérieur qu’au XIesiècle ». Léo Drouyn entendait ainsi tordre le cou définitivement à ce qu’il considère comme une légende à propos de l’appendice au sud, bâti complètement en brique et s’appuyant contre le flanc ouest de l’ancien transept, voûté en ogives et en brique aussi, avec des ouvertures ogivales. « Il ne remonte peut-être même pas au XIVesiècle, on l’appelle la chapelle de Saint Cybard et l’on dit que le corps du fils de Charlemagne y a été exposé. Tout cela est invention moderne… Il n’y a rien de romain, rien de mérovingien, rien de carolingien, du moins dans ce qui est hors de terre. »

© Club Photo de Caudrot

Sur des ruines antiques

Des études plus récentes, au XXesiècle, soulignent cependant « les effets prolongés de l’occupation romaine » au terme de laquelle de nombreuses églises furent bâties, comme c’était l’usage, «au-dessus ou dans le voisinage immédiat de ruines antiques», ce qui fut notamment le cas à Caudrot.

En 1959, Jacques Gardelles, dans une étude sur les vestiges de l’architecture de la fin de l’époque préromane en Gironde, affirme que «les maçons d’autrefois avaient utilisé (pour la construction de Saint Christophe) des moellons calcinés, provenant soit d’une villa antique, soit, comme on l’a soutenu, du palais carolingien de Cassinigilum – Casseuil -, identifié aux ruines importantes qu’Aimoin de Francs, auteur de la vie de Saint Abbon, vit en 1004 près du confluent du Dropt.»

Les Normands, au IXesiècle, rappelons-le, brûlèrent et dévastèrent de nombreux édifices sur leur passage. Et comme Caudrot était situé sur la belle voie qu’offrait la Garonne.

Donation à l’abbaye de Condom

Ce qui permet à Jacques Gardelles d’en déduire que ce devait être une des deux églises en ruines, Saint Cybard et Saint Christophe, qui furent l’objet d’une donation à l’abbaye de Condom, en 1017. Une campagne de construction put avoir lieu après cette donation comme l’attestent les chapiteaux historiés inclus dans un système de baie à trois arcs qui pourraient appartenir à l’ancien prieuré, encore visibles aux fonts baptismaux.

Peintures en trompe-l’œil

Au XIXesiècle, des transformations furent opérées en 1822 puisque le clocher et une partie de la charpente s’étaient effondrés le 15 janvier 1789. en 1842, il fallut refaire la couverture de l’église et du clocher. Des dommages considérables furent infligés à l’édifice lorsque la foudre l’atteignit le 17 septembre 1847. La restauration comprenait notamment la pose d’une horloge à répétition et la réalisation des peintures de la nef et du sanctuaire.

Les peintures du décor en trompe-l’œil du chœur, qui viennent d’être restaurées par l’entreprise Malbrel furent attribuées à M.M. Bonnet et Vincent, des peintres de Bordeaux en 1850. Elles sont devenues aujourd’hui l’une des principales attractions de l’édifice.

Mille ans d’histoire

L’ouragan du 18 avril 1860 portait un nouveau coup sévère au coucher, au fronton et à la toiture. Il fallut attendre 1862 pour que les réparations soient effectuées. Le projet d’approbation, soumis en 1869, est finalement exécuté en juillet 1876. En 1883, un beffroi est mis en place au clocher.

Avant les travaux de restauration et de rénovation de 2004, qui marquent la volonté de l’équipe municipale conduite par Roland Laporte de rendre à l’édifice une nouvelle jeunesse au moment où il boucle un millénaire d’histoire, les précédents remontaient à octobre 1938 (rénovation de la charpente et de la couverture).